agir, c'est déclencher des processus...Historicité de l'homme

Publié le par maryse.emel

« Les actions humaines, si elles ne sont pas conservées dans le souvenir, sont les choses les plus fugaces et les plus périssables sur terre ; elles ne durent guère plus longtemps que l'activité elle-même et certainement par elles-mêmes ne peuvent jamais prétendre à cette permanence que possèdent jusqu'aux objets d' usage ordinaires quand ils survivent à leur fabrication pour ne pas parler des œuvres d'art, qui nous parlent par-delà les siècles. L'action humaine, projetée dans un tissu de relations où se trouvent poursuivies des fins multiples et opposées, n'accomplit presque jamais son intention originelle ; aucun acte ne peut jamais être reconnu par son auteur comme le sien avec la même certitude heureuse qu'une œuvre de n'importe quelle espèce par son auteur. Quiconque commence à agir doit savoir qu'il a déclenché quelque chose dont il ne peut jamais prédire la fin, ne serait-ce que parce que son action a déjà changé quelque chose et l'a rendue encore plus imprévisible. C'est cela que Kant avait en tête quand il parlait de la « contingence désolante » (trostlose Ungefähr) qui est si frappante dans le cours de l'histoire politique. « L'action : on ne connaît pas son origine, on ne connaît pas ses conséquences : - par conséquent, est-ce que l'action ne possède aucune valeur? Les vieux philosophes n'avaient-ils pas raison, et n'était-ce pas folie d'espérer voir surgir aucun sens du domaine des affaires humaines ? » [ H. ARENDT, «La Crise de la Culture», Ed. Gallimard, col. Folio Essais, n°113 ]

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