la dissertation et l'explication de texte

Publié le par maryse.emel.blogphilo.over-blog.com

Il faut avoir un chaos en soi-même pour accoucher d'une étoile qui danse. Nietzsche


Chemin à suivre pour la dissertation ou l’explication de texte….

« Pour connaître les réponses, il faut vivre les questions »
Rainer-Maria Rilke.



Conseils pour la dissertation


Voici sept points simples qu'il convient d'énoncer au départ afin d'éviter tout malentendu. Si vous les suivez scrupuleusement, il n'y a aucune raison de rater son devoir. Il est donc requis:

1. Que le candidat ait vu que le sujet soulevait un problème, qu'il ait formulé celui-ci et tenté de le résoudre.

2. Que la solution proposée repose sur une argumentation qui la justifie et non sur de simples affirmations.
3. Que l'argumentation soit construite et ne se réduise pas à une simple juxtaposition d'exemples ou de remarques.
[il n'existe pas de plan-type : l'absence de plan seule peut être sanctionnée]
4. Que le candidat témoigne d'un minimum de connaissance sur le problème qu'il a choisi de traiter - que celle-ci soit issue du cours du professeur ou bien d'expériences et de lectures personnelles.

5. Que cette connaissance soit bien assimilée, qu'elle soit l'occasion d'une réflexion personnelle et non de la récitation d'un cours.

6. Que le candidat soit capable d'analyser correctement les notions et qu'il ait une maîtrise suffisante du vocabulaire qu'il emploie.

7. Enfin, que l'expression - destinée à convaincre - soit simple, claire et distincte.


Comment démarrer votre dissertation ?

La partie préparatoire est essentielle, car c'est d'elle que dépend en grande partie la réussite ou l'échec du devoir. La signification des mots figurant dans l'énoncé du sujet doit attirer votre attention. Que veut dire, de manière très précise, tel concept sur le plan littéraire, philosophique, éventuellement scientifique ?
Une fois opérée la clarification des termes de base (avec l'aide du Robert ou d'un vocabulaire philosophique comme la philo de A à Z des éditions Hatier, si vous êtes chez vous), élucidez la signification du sujet posé, en repérant les éventuels paradoxes, qui sont très fréquents dans les énoncés proposés au baccalauréat (exemple : Peut-on obéir sans cesser d'être libre?). En bref, étonnez-vous devant un sujet, ne le réduisez pas à du déjà-connu, essayez de faire jouer tous les sens possibles.


L'INTRODUCTION
L'introduction de la dissertation n'a qu'un seul rôle absolument essentiel : procéder à l'analyse du sujet et poser un problème. Ce dernier ne figure jamais pas en toutes lettres dans l'énoncé du sujet mais, néanmoins, il est contenu implicitement en lui. Si le sujet est posé sous forme de question, le problème ne se confond pas avec la question. On ne peut donc reprendre la question en guise de problème. Ainsi, le sujet penser, est-ce dire non ?, conduit après analyse, au problème suivant : Le pouvoir de négation est-il un obstacle ou la condition d'une pensée authentiquement libre ? Notez qu'il ne faut poser qu'un seul problème, même si, comme c'est souvent le cas, plusieurs problèmes sont envisageables.
Enfin, en raison de l'exigence précédente, il faut bannir toute généralité ou évidence du type : « de tous temps, l'homme etc. » ainsi que toute considération anecdotique. On ne doit s'occuper que du sujet sans céder à la tentation de faire déjà des citations dans l'introduction même si la culture philosophique et générale renforce l'efficacité de l'analyse.



LE DÉVELOPPEMENT
Le corps de la dissertation philosophique doit prendre la forme d'une discussion argumentée et progressive dont chacune des étapes est justifiée. La pensée doit y être active et dynamique et non passive et routinière.

Cette discussion philosophique est, avant tout, conceptuelle : elle désigne une analyse de concepts et de notions, qu'il faut clarifier et élucider, en particulier par le recours à des exemples bien choisis. Si les distinctions conceptuelles doivent primer et jouer le premier rôle, l'exemple, néanmoins, fournit une illustration imagée à un raisonnement. Bien qu'il ne puisse servir de point de départ, il donne plus d'intensité à ce raisonnement. Notons que si l'exemple illustre un concept, il ne démontre rien en lui-même.

Reste le problème des références philosophiques et de leur usage dans la discussion. Elles ne doivent jamais fonctionner à vide : ne récitez pas doctrines et thèses.

La règle d'or de toute discussion est la suivante : traitez le sujet, rien que le sujet et seulement le sujet ! Ne récitez pas votre cours, mais adaptez-le au sujet ; ne résumez pas platement les doctrines mais utilisez-lez intelligemment au regard du sujet. Ne ramenez pas une question spécifique à des poncifs scolaires...

La discussion argumentée, appuyée sur l'analyse des concepts et les références philosophiques, illustrée par des exemples, doit se dérouler suivant une articulation précise soutenant une démonstration logique : un plan. Mais contrairement à ce que prétendent de nombreux manuels il n'y a pas de plan-type. La seule exigence est la cohérence interne de la démarche qui s'appuie sur une analyse précise du sujet et parfois un plan en deux parties seulement vaut mieux qu'un plan classique en trois parties dont la troisième est artificiellement conduite et ne fait souvent que ressasser un point précédemment évoqué. Même le fameux plan dialectique de type thèse - antithèse - synthèse utilisé par certains comme une formule magique, provoque plus de blocages qu'il ne résout de difficultés.

Si vous faites l'effort de justifier à chaque fois vos analyses et que vous soignez vos transitions logiques d'une partie à l'autre, tout se passera bien. Ayez confiance en vous et ne cherchez pas à imiter le prof ou qui que ce soit ; bref, soyez vous-mêmes.


LA CONCLUSION
Enfin, dans la conclusion, répondez de manière nette et précise au problème posé dans l'introduction. Si certains manuels conseillent d'ouvrir une nouvelle perspective, nous vous conseillons, pour notre part, d'en rester modestement au point final et de clore le débat ouvert par la question et le problème.




Méthode - L'explication de texte


Il faut d'abord s'attacher à lire le texte attentivement en prêtant attention aux mots de liaison (mais, pourtant, néanmoins, toutefois...) afin de repérer sa construction et les différentes étapes de l'argumentation de l'auteur (les parties...). N'hésitez pas à souligner les mots et les expressions essentielles.

Surtout prenez votre temps, ne vous précipitez pas, car souvent on croit comprendre alors qu'en réalité il n'en est rien. Méfiez-vous des textes en apparence simples car en réalité ils contiennent souvent des pièges redoutables générateurs de contresens.

Enfin, repérez les exemples contenus dans le texte afin de les expliquer soigneusement par la suite. Le sens philosophique de la démarche de l'auteur ne peut souvent être saisie qu'à travers eux.

L'INTRODUCTION

L'introduction de votre explication doit de préférence être constituée des quatre étapes suivantes, dans l'ordre. Cette démarche a l'immense mérite d'obliger à aller à l'essentiel, en occultant toutes les généralités, qui alourdissent le propos, sans servir l'élucidation du texte. Dans cette optique, il est inutile de s'étendre sur l'auteur en racontant sa vie en trois lignes...

Thème

La première étape consiste à identifier le thème dont il est question, non seulement sous sa forme générale (thème du désir, du langage, etc.), mais, bien évidemment, sous un angle précis, par exemple, le droit du citoyen à l'opposition, dans tel texte de philosophie politique de Rousseau (Du contrat social, liv. IV, 2), la spécificité de la connaissance humaine par rapport aux formes qui la préfigurent chez l'animal, dans tel texte d'Aristote (Métaphysique, Liv. A, § 1, t. 1, Vrin, p. I et sq.). En bref, il s'agit de comprendre, de manière déterminée, de quoi parlent exactement l'auteur ou le philosophe. En ce domaine, les généralités sont à exclure et il importe de se pencher sur le texte dans sa configuration précise pour bien circonscrire le thème. Mais ce dernier ne se confond nullement avec la thèse, c'est-à-dire ce que le penseur veut démontrer dans l'extrait.

Problématique

La détermination du problème représente l'élément décisif de la démarche à l'oeuvre dans l'explication. Le problème désigne la difficulté centrale soulevée par un texte. Ce problème doit être dégagé car il n'est pas décelable immédiatement : de même que le problème ne se confond pas, dans une dissertation, avec la question posée, de même, dans le commentaire de texte, il s'agit de faire apparaître la question fondamentale que le philosophe a implicitement posée.

Thèse

Il ne s'agit pas ici de mettre en avant la doctrine générale de l'auteur, comme si, par exemple, tout texte de Descartes renvoyait nécessairement au cogito. Il s'agit, au contraire, de déterminer la position du philosophe dans ce texte, ce qu'il a voulu démontrer dans un contexte précis, et qui prend sens généralement à travers l'idée générale et directrice, c'est-à-dire le contenu philosophique fondamental du texte.

Plan du texte

L'introduction se clôt par l'énoncé du plan du texte, qui consiste dans la mise à jour du nombre de parties qu'il contient et du contenu (à la fois précis, mais bref) de chacune d'elles.


L'EXPLICATION DU TEXTE

Organiser

Expliciter la démarche organique du texte, découvrir son articulation, son organisation interne, notion absolument centrale, tel est l'objectif. Il ne s'agit pas de morceler le texte, de le diviser, et de comprendre la structure au moyen d'éléments disséqués sans aucun rapport les uns avec les autres. Ce qui importe, c'est d'expliciter un enchaînement et un mouvement, de mettre au jour une liaison véritable.

Il faut construire des liaisons et obéir à une organisation rigoureuse ; de même l'explication de texte vise à rendre manifeste l'enchaînement, les uns dans les autres, des éléments de réflexion. La mise en évidence d'une construction et d'un itinéraire, voilà ce qu'il faut rechercher. Pour cela, il faut suivre l'ordre du texte, et construire les différentes parties du développement en fonction des parties du texte (sauter une ligne entre chacune d'elles !)

Une explicitation des concepts fondamentaux

Mettre au jour la démarche organique du texte, c'est d'abord définir les concepts fondamentaux présidant à cette organisation. La finalité de l'explication de texte philosophique est donc dépourvue d'ambiguïté : il s'agit de dégager et d'expliciter les concepts fondamentaux du texte, commandant son mouvement et son organisation. Il faut dégager des concepts de base possédant une signification particulière et détenant une fonction précise dans le texte. Bien évidemment, il ne suffit pas d'affirmer ce rôle majeur de tel ou tel concept, mais de souligner l'enchaînement de tel concept avec tel autre. Expliquer consiste à dégager l'articulation des concepts ou idées les uns par rapport aux autres.

Un effort critique

L'explication n'est vraiment réussie que quand elle produit en même temps un effort critique. Mais il faut bien s'entendre sur le sens du mot « critique » : en effet, tout grand texte philosophique pose un problème fondamental. Que peut donc signifier une critique ? La critique d'un texte ne saurait être réfutation, comme trop d'élèves le croient; la « réfutation » désignant, à proprement parler, l'action par laquelle on repousse un raisonnement, une argumentation en prouvant leur fausseté. Ce procédé est difficilement compatible avec la reconnaissance de la richesse effective d'un grand texte, comme c'est toujours le cas des textes qui sont proposés au baccalauréat.

Critiquer, ce n'est pas détruire, mais comprendre. Détruire, c'est en rester à la lettre du texte, à son apparence première, alors que comprendre, c'est aller à l'esprit et au contenu vrai. La destruction est dogmatique, la vraie critique philosophique, compréhension de la problématique interne et évaluation mesurée de l'intérêt de la réponse apportée.

Pièges à éviter

Voici quelques conseils qui permettent, s'ils sont strictement appliqués, d'éviter les fautes les plus récurentes dans ce type d'exercice.

A) Ne s'occuper que d'une partie du texte

Première maladresse : procéder en s'occupant seulement d'un passage du texte, ainsi privilégié, sur lequel portera toute l'attention. Expliquer un texte, c'est en déterminer le sens global. Par conséquent, l'approche d'un seul élément ne convient pas. L'étude analytique ou partielle est proscrite dans le domaine du sujet-texte philosophique. Le travail du candidat doit porter sur le texte tout entier.

B) Oublier le texte et faire une dissertation

Ne mettez pas non plus le texte entre parenthèses, comme s'il représentait quelque chose de tout à fait accessoire et accidentel ! Un certain nombre de candidats procèdent ainsi, aussi étrange que cela puisse paraître... Ils oublient le texte et font autre chose, par exemple une dissertation : cette méthode est défectueuse. C'est le texte qui prime et vous n'avez pas à rédiger une dissertation à proprement parler. La référence au texte est donc primordiale.

C) Considérer les exemples contenus dans le texte comme secondaires

Il faut toujours accorder une place privilégiée aux exemples contenus dans un texte dans la mesure où c'est souvent en eux que réside la clé d'une bonne interprétation.

D) La paraphrase

Attention ! La paraphrase est à éviter absolument! Ce piège vous menace constamment. La paraphrase est une sorte de caricature de l'étude ordonnée et conceptuelle. Alors qu'il s'agit d'expliciter les concepts, de souligner leur organisation interne, leur articulation, leur signification réelle et dynamique dans la logique du raisonnement, la paraphrase, se contente d'opérer des développements verbeux et diffus, de répéter les mêmes termes interminablement sans en dégager le sens. La paraphrase est passive. L'explication est active et dynamique. A la stérilité de la paraphrase s'oppose donc la création intelligente du commentaire explicatif.

LA CONCLUSION

La conclusion a pour but, comme dans la dissertation, de faire un bref bilan, en indiquant l'intérêt de la démonstration du penseur. Elle clôt le débat avec précision et netteté et possède donc une fonction rhétorique et pédagogique dont il ne faut pas sous-estimer l'importance.

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